34 Tage, 33 Nächte

Autor/Hrsg Auteur/Editeur: Altmann, Andreas
2006, Ed. Frederking & Thaler, ISBN10: 3492402666

Dieses Buch jetzt bei Amazon.de ansehen
Dieses Buch wurde rezensiert in der Ausgabe: Dokumente 5/2004 

Voir ce livre sur Amazon.fr
Ce livre a fait l'objet d'un compte rendu de lecture dans le numéro : Dokumente 5/2004 

Rezension / Compte rendu:
A pied et sans le sou

La marche à pied a priori n'est pas le moyen de transport préféré des touristes, s'ils ne sont pas par hasard pèlerins ou randonneurs. Andreas Altmann découvre le monde sans voiture, mais aussi les poches vides pour écrire ses livres. Il avait déjà publié de remarquables reportages, comme En 90 jours de Tanger à Johannesbourg pour décrire le continent africain. L'Asie également a été plusieurs fois sa destination. Cette fois, en plein été 2003, Andreas Altmann se rend de Paris à Berlin en « 34 jours et 33 nuits » (c'est le titre de l'ouvrage), « à pied et sans argent », comme le précise le sous-titre, malgré – tout de même – deux euros soixante dix-sept en poche. Pas un centime de plus, mais un vieux sac à dos, un sac de couchage, quelques cartes routières, deux douzaines de cigarillos, plusieurs tranches de saucisson et une bonne dose de courage pour parcourir ces 1100 kilomètres. Andreas Altmann a le goût du détail : 1 863 918 pas le séparent des deux capitales, 17 ampoules aux pieds vont le faire souffrir pendant plus d'un mois, il va perdre 3 kilos et 647 grammes, mais va revenir avec une tonne de souvenirs, pas toujours enthousiastes, de ses rencontres et de ses entretiens. L'ouvrage est une compilation de petits reportages au quotidien, d'histoires vécues, de rencontres fortuites, autant de plaidoyers en faveur de l'improvisation, autant de chapitres critiques qui contrastent singulièrement avec la civilisation du voyage organisé. Trente photos et une carte détaillée complètent le récit de ce vagabond volontaire, de ce clochard temporel qui cherche à se faire inviter à manger ou à coucher pour ne pas dormir à la belle étoile, et qui tire de cette expérience une philosophie originale du voyage. Connu pour ses reportages dans les revues Geo ou Stern, reconnu aussi puisqu'il a été maintes fois récompensé, Andreas Altmann a eu l'idée de ce voyage au comptoir de son bistrot préféré à Paris en découvrant une publicité d'automobile intitulée « Désir ». Les paysages, les villes qu'il traverse ne sont que des coulisses ; au centre de son livre se trouvent des êtres humains, des cas sociaux souvent, mais aussi tous les autres, ceux qui assistent sans regarder à la déchéance de leurs voisins anonymes et ceux qui apportent leur aide sans rien demander en retour. Il ne juge pas, il décrit et s'inspire de citations littéraires, même lorsqu'il est assis sur un banc à côté d'un clochard, d'un vrai cette fois, d'un désespéré ou d'un simple passant, en quête lui aussi de dialogue face à la solitude et à la pauvreté. Au début, le lecteur se demande quel peut être l'intérêt d'un ouvrage, où à chaque station le randonneur tend la main pour quérir un bout de pain (il a franchi le seuil de 94 boulangeries en un mois), un verre d'eau ou une pièce de monnaie. Et pourtant, à chaque fois, c'est une expérience différente. Tout le monde n'a pas le même aplomb pour refuser ou tourner la tête, la liste des alibis est impressionnante, les surprises (les bonnes comme les mauvaises) ne le sont pas moins. Les descriptions de l'auteur, ses impressions sont bien évidemment subjectives, c'est ce qui d'ailleurs fait le charme de l'ouvrage. Elles surprennent parfois, lorsque le lecteur en arrive à la conclusion que c'est entre l'Ouest et l'Est de l'Allemagne que les différences entre les personnes rencontrées sont finalement les plus grandes. Le sous-titre suggère une comparaison franco-allemande, c'est en fin de compte un livre sur l'Europe occidentale « vue d'en-bas », pour ainsi dire au ras des pâquerettes, que l'on découvre au fil des pages. Loin de comparer cette expérience de clochard itinérant à une forme originale de tourisme, il faut bien convenir que ce genre de randonnée, loin du luxe et de la conformité, permet de découvrir des réalités quotidiennes souvent cachées, tant sur la misère des hommes que sur le comportement des mieux nantis. Et il serait intéressant de savoir, combien de lecteurs se sont sincèrement posé la question: « Aurais-je, moi, donner un verre d'eau ou un euro, si cet auteur déguisé en vagabond était passé sur mon chemin? » A chacun de donner sa réponse.
François Talcy

Dieses Buch jetzt bei Amazon.de ansehen
Voir ce livre sur Amazon.fr
34 Tage, 33 Nächte